L’open data, un phénomène mondial ?
Après les États-Unis en 2009, puis le Royaume-Uni en 2010, la France lancera très prochainement son portail de données publiques data.gouv.fr. Elle rejoindra ainsi la liste, qui ne cesse de s’allonger, des pays engagés dans l’open data.
Quelques indicateurs pour prendre la mesure du phénomène : en moins de 3 ans près de 20 pays se sont officiellement lancés dans l’ouverture des données publiques, rejoints par les institutions internationales telles que la Banque Mondiale, l’OCDE et l’ONU. La Comission Européenne a placé l’open data au coeur de sa stratégie numérique et ouvrira son portail l’année prochaine. A l’échelle des villes et des territoires, le mouvement est tout aussi dynamique. Londres, New-York, Montréal, Rennes, Paris font partie des nombreuses villes à avoir ouvert leurs données publiques. Les régions et départements s’y mettent aussi. En juillet dernier, le Kenya est devenu le premier pays sub-saharien à se doter d’un portail de données publiques.
Autour de ces gouvernements, c’est une communauté de plus en plus importante d’acteurs qui militent en faveur de l’open data. Au Royaume-Uni, le travail d’activiste de l’Open Knowledge Foundation, le rôle du journal le Guardian qui organisa la campagne “Free our data” en 2006 et le travail de lobbying de Tim-Berners Lee, co-créateur du web, ont convaincu Gordon Brown de lancer le projet data.gov.uk. Aujourd’hui, pour le nouveau gouvernement britannique, l’ambition est de faire du Royaume-Uni le leader mondial de l’open data.
Nous sommes dans une période d’effervescence pour l’open data qui s’accompagne d’une attente de plus en plus forte de la part des militants, des développeurs et des citoyens. Promue par la société civile, défendue par les acteurs du web, l’ouverture des données publiques répond à un triple objectif : encourager l’innovation par la réutilisation des données ; participer à la transparence de l’état ; et améliorer les services publics. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large sur la toile qui prône l’ouverture et la libre réutilisation des contenus numériques, l’open source pour les codes logiciels, l’open access pour les données scientifiques. Du point de vue du droit, l’open data fait entrer les politiques d’accès aux documents administratifs, telles la loi CADA de 1978 en France ou les Freedom of Information Act anglo-saxon, dans l’ère du web.
Peu à peu les politiques prennent conscience du potentiel de l’open data comme outil de gouvernance. On parle de plus en plus de gouvernement ouvert. Doctrine popularisée par Barack Obama qui en fit son premier projet en tant que Président des États-Unis. Par définition, le gouvernement ouvert vise à améliorer l’efficacité de l’action publique grâce à la diffusion d’information, la participation des citoyens et une plus forte collaboration entre l’état et la société civile. Pour ses partisans : “L’open data ce n’est pas juste mieux connaître le fonctionnement de son gouvernement, c’est être capable d’y prendre part”.
D’autres pays commencent à adopter les principes du gouvernement ouvert. C’est dans cette perspective que s’est lancé en septembre dernier l’Open Government Partnership, une initiative multilatérale qui vise à obtenir des engagements concrets des pays en matière de gouvernement ouvert. 8 participants dont le Brésil, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont déjà rédigé leur plan d’action, 38 autres se sont engagés à rejoindre l’initiative.
Alors oui l’ouverture des données publiques est bien devenue un phénomène mondial, mais leur réutilisation reste encore mesurée. C’est que la libération des données, dans des licences et formats ouverts, n’est que la première étape d’un processus plus long d’appropriation de l’open data, par les entreprises et l’espace public. Un processus qui se joue à tous les niveaux.
Pierre Chrzanowski
